La dématérialisation de l’accès aux droits sociaux, loin de réduire le non-recours, ne fait qu’accentuer la fracture numérique. Si cette politique peut paraître absurde, elle est parfaitement délibérée.
Que fait la police ? Selon Paul Rocher, elle n’empêche nullement le crime et n’assure pas la sécurité publique. Quant au manque de moyen, ce n’est qu’un mythe. Apparue avec le capitalisme, elle maintient l’ordre établi ; mais un autre ordre est possible.
Les sanctions économiques à l’encontre de la Russie sont sévères et, pour certaines d’entre elles, inédites. Elles montrent la détermination de l’Union européenne à ne pas laisser impunie l’agression contre l’Ukraine et, dès maintenant, à envisager sérieusement la question des réparations.
L’histoire militaire romaine éclaire des thèmes fondamentaux, comme la conduite de la guerre ou la tâche d’imposer une domination. Quant à César, ses conquêtes illustrent une stratégie et une tactique – art de la guerre comme projet politique.
Timothée Parrique propose un tour d’horizon de la notion de décroissance, et des débats qui l’entourent : comment se définit-elle exactement ? Comment pourrait-elle s’articuler - ou non - avec nos systèmes de production contemporains ? Constitue-t-elle une solution possible et crédible à la crise climatique et environnementale ?
Les établissements d’enseignement privé contribuent fortement à la ségrégation scolaire, qui varie considérablement d’une localité à une autre. Lutter en faveur de la mixité implique de s’adapter aux particularités locales.
À partir de 1946, le processus de « décolonisation par assimilation » a permis de maintenir les Antilles dans l’espace national. Le cadre départemental, considéré comme la source de tous les droits inhérents à la citoyenneté, a profondément influencé la politique et la société antillaises.
Apparu avec la Glasnost, le rock s’est peu à peu dépolitisé en Russie et au Bélarus, mais reprend le chemin de la contestation avec la guerre, le plus souvent au prix de l’exil.
Le château de Villers-Cotterêts, dont le pouvoir actuel veut faire la Cité internationale de la langue française, servit longtemps de dépôt de mendicité, puis de maison de retraite entre 1889 et 2014, accueillant des vieillards indésirables. Il en reste d’éloquents “fichiers disciplinaires”.
Loin de constituer un monde gris et uniforme, les grands ensembles d’habitat social érigés dans les années 1960 abritent un foisonnement de vies et de mémoires, comme le montre Renaud Epstein à partir d’une importante collection de cartes postales les figurant.
Une exposition et une nouvelle biographie sont consacrées à Léopold Sédar Senghor, à son regard sur les arts et à sa pensée de l’universel. Elles révèlent l’héritage du poète-président, qui éclaire d’une façon singulière les enjeux de notre temps.
Vers 1900, alors que la capitale a absorbé ses communes avoisinantes et que les bas-fonds accueillent toute une faune, les policiers oscillent entre répression et chronique sociale. Remparts contre le crime, ils se font aussi les peintres de la misère, sans répugner à la poésie.
Malgré la réduction de la liberté d’expression, de circulation et de publication, les intellectuels parviennent encore à exprimer des opinions critiques et discordantes par des biais détournés.
L’esplanade située devant le Mur des Lamentations à Jérusalem a fait l’objet d’intenses conflits opposant juifs et musulmans. Avec une attention rare aux traces les plus ténues, l’historien Vincent Lemire révèle la succession des violences et des destructions ayant eu lieu au pied du Mur.
Qu’est-ce qui compte en morale ? Pour le philosophe français Jules Vuillemin c’est la maxime de nos actions, comme il s’attache à le montrer dans une série d’articles réunis ici pour la première fois.
En s’abritant derrière des consultations citoyennes qu’il sélectionne et organise lui-même, l’État escamote les procédures et institutions démocratiques. Il y a là, selon G. Gourgues, le risque d’une dérive progressive vers une forme d’« autoritarisme participatif ».
Le Marché international des professionnels de l’immobilier se tient chaque année à Cannes. S’y promener est instructif : on y voit la manière dont les villes tombent sous l’emprise des marchés et comment certains élus locaux peuvent tomber sous le charme de grandes firmes.
En retraçant l’histoire transnationale de la psychothérapie institutionnelle, Camille Robcis explore les rapports politiques entre la pratique psychiatrique et la réflexion sur les institutions de soin durant les années 1945-1970.
Le maintien de l’ordre en France étonne par la violence dont il fait preuve, alors même que d’autres voies existent pour encadrer les manifestations. Il y a sans doute là une dérive, mais aussi le signe que les débats politiques ont de moins en moins de place au sein de nos institutions.
Entre histoire des idées et essai politique, Camille Dejardin veut montrer que l’œuvre de John Stuart Mill nous est utile pour penser les enjeux contemporains, à commencer par la crise écologique et les transformations de l’économie qu’elle appelle. Au prix de quelques demi-vérités ?
La distinction entre faire mourir et laisser mourir est au cœur en éthique médicale. Elle pousse à s’interroger sur ce qui est acceptable par les soignants, et plus généralement de ce que nous attendons de la médecine.
Sous la Troisième République, citoyenneté et philosophie se conjuguaient au masculin. Pourtant, des pionnières réussirent à obtenir des diplômes universitaires et à accéder aux postes de responsabilité qui leur étaient interdits.
Ce recueil de sources permet de comprendre les relations, expériences, violences, mots du sexe du Moyen Âge à nos jours. Entre interdit et répression, les traces de la sexualité affleurent partout.
La première modernité industrielle ignorait-elle qu’elle infligeait à la planète des dégâts écologiques considérables ? Était-elle insensible aux questions environnementales ? Cela ne fait pas de doute pour D. Chakrabarty : la conscience planétaire est récente. Mais cette thèse est contestable.
Certaines expériences exceptionnelles nous donnent-elles accès à une réalité différente de celle que nous rencontrons dans notre quotidien ? Les philosophes qui s’y sont intéressés au XXe siècle ont cherché à travers elles une nouvelle forme d’empirisme.
Souvenir des crimes du Japon en Corée, éloignement culturel entre l’archipel et la péninsule, affairisme nationaliste des élites : peu importe. L’important est de resserrer les rangs face à la Chine, dans une « alliance du thé au lait ».
Pour la féministe africaine-américaine bell hooks, le patriarcat mutile la vie affective des hommes et les coupe de l’amour. Leur « guérison relationnelle » permettra le développement d’une masculinité féministe. Une thèse novatrice ou psychologisante ?
Donner voix aux grands textes : Éric Chartier en a fait sa vocation, aussi bien sur les planches des théâtres où il incarne à lui seul romans et essais, que dans l’élaboration d’outils pédagogiques destinés à initier le plus grand nombre à la littérature, en surmontant l’obstacle de la chose imprimée.
Nous croyons à beaucoup de choses, mais pas de la même manière, parfois complètement, parfois à moitié seulement. Et certains croient même à des choses incroyables. Comment comprendre cette complexité de la croyance ?
Les salaires sous l’Ancien Régime permettaient difficilement de vivre de son travail. Nombreux étaient ceux qui devaient multiplier les activités pour joindre les deux bouts. L. Fontaine en fait un portrait saisissant.
Si les entreprises échouent à intégrer et promouvoir les groupes minoritaires, c’est parce qu’elles s’obstinent à mettre en œuvre des programmes dont les sciences sociales ont prouvé de longue date l’inefficacité. Frank Dobbin & Alexandra Kalev proposent des actions plus démocratiques et inclusives.
Isabella Weber propose une plongée dans les débats économique et politique à l’œuvre derrière les réformes chinoises des années 1980. Un travail historique d’une grande précision qui permet d’illustrer comment sont construites les politiques économiques.
Une nouvelle archéologie est née. Ses apports sur les violences de masse au XXe siècle oscillent entre histoire et mémoire. Un spécialiste de ces terrains dresse un impressionnant bilan aux allures de plaidoyer.
L’expérience ne peut mener à la connaissance que si elle est organisée par des concepts qui ne proviennent justement pas de l’expérience. A. Grandjean renouvelle totalement l’interprétation de ce paradoxe qui forme le cœur de la métaphysique de Kant.
Penser la littérature actuelle à partir de l’invisible, de l’irrationnel et de l’étrange, telle est la ligne originale que suit Anne-Sophie Donnarieix, afin de mettre au jour sa capacité à se réinventer sous le signe de l’inquiétude.
La médiatisation des diplômés des Grandes écoles optant pour une carrière alternative correspond-elle vraiment à une tendance de fond à la fuite vers des aspirations professionnelles écologiques et sociales ? Une enquête récente sur ces étudiants d’élite fournit des éléments de réponse.
Après le monde domestique patriarcal et contrôlé des Florentines du Quattrocento, l’historienne médiéviste Christiane Klapisch-Zuber nous fait découvrir un nouvel aspect, peut-être plus intime encore, de la vie familiale des Florentins : leurs écritures.
Une exposition itinérante, actuellement présentée à Marseille, explore les relations entre architecture, urbanisme et agriculture. Son curateur, Sébastien Marot, met des pratiques comme la permaculture et l’agroécologie au centre des débats.
La complexité de la biologie actuelle est source d’émerveillement, de crainte et d’incompréhension. Thierry Hoquet fait le point sur les grandes théories biologiques pour nous aider à penser les implications sociales de cette science qui ouvre des horizons fascinants, mais pas inéluctables.
Comment les femmes françaises issues de l’immigration arabe et maghrébine sont-elles devenues l’objet d’un fantasme collectif ? Si les mots de l’immigration révèlent des imaginaires et des pratiques discursives et sociales importantes à analyser alors celui de « Beurette » mérite aussi que l’on s’y penche.